CAROLE
Le mal ?
"Toi qui veux faire la guerre,
Je te dédie l'enfer ;
Toi qui veux faire l'amour,
Je te dédie la mort."
Va-t-en
Ote toi de mon chemin
Toi qui dès demain,
Râlant,
Gesticulant,
Déclarera la guerre
A ceux qui font l'amour,
Déclarera l'amour
A ceux qui font la guerre.
Va t'en, pars,
Je ne veux plus te voir,
Tu veux leur fin à tous,
Tu veux que tous aient faim.
Tu te repais de sang
Et tu vis sans la paix.
Tu veux la fin du monde,
Le monde veut ta fin.
Dis MAL, existes-tu ?
Sinon qui fait de l'homme
Ce mercenaire foutu
Qui veut tuer les hommes ?
Critique
Jouet désagrégé
De l'irréalité
Système obnubilé
De la prison vitrée.
Garniture de béton
D'une vie sans raison
Ta maison est le lieu
Qui t'a rendu peureux.
Peureux d'un monde dur
De pierres et de dorures
Poussière ou pourriture.
Tu es tombé tout fier
Dans la grande charnière
Qui s'est creusé sous toi
Et t'a pressé de lois,
Moulé dans le ciment,
Fermé dans le carcan...
Tu deviens doucement
Papier que l'on découpe,
Numéro qu'on ajoute,
Robot irréfléchi,
Jouet décapité...
Charlie 2015
Je m'appelle Charlie,
Je suis celui qui lit,
Celui qui s'instruit
Et celui qui rit
De toute la connerie
De l'homo simili sapiens.
Tout ne marche pas droit,
Dans les quartiers de non droit
Tout va de guingois
Dites moi pourquoi...
Je m'appelle Charlie,
Et je ris de tout,
De moi et de vous,
Des juifs errants,
De la crise grecque,
Du Vatican ou tout fout l'camps,
Des catholiques, des hérétiques...
Mais y'a un hic,
Ca ne plait pas.
Ne bois pas, ne rie pas, ne joue pas
Ne te cultive pas.
Mais cultive la haine...
Ca révolte Charlie
C'est pour ça qu'il en rie
Et lorsque Charlie rit
Les gens sourient
Certains s'offusquent
De cette insolence,
D'autres plus ouverts en demandent encore.
Quant aux esprits couverts
Du cerveau jusqu'à terre,
Ils sortent sans hésiter
Leurs armes les plus lourdes
Pour combattre et détruire
Les pensées, les dessins, les crayons.
Mais Charlie veille et se marre
Charlie fait des petits
Charlie se reproduit
Charlie se multiplie
Charlie est universel
Ses caricatures sont son paradis
Ses satyres son point d'orgue
Un paradis où les hommes et les femmes
Mangent du saucisson en chantant la Marseillaise.
Et ça fait rire Charlie
Rimes en "ille"
Dans ce monde de pacotille
Où l'on se tue pour des broutilles
Je pleure pour que l'on me fusille
Je ne veux plus voir d'escadrilles
Foncer sur tous ceux qui roupillent
Et les tuer à coup d'aiguilles.
J'aimerais voir un monde où brille
Le jaune de milliers de jonquilles
Qui pousseraient derrière les grilles
D'un monde à l'odeur de vanille,
Où une bien petite fille
Chaussée de vieilles espacrilles
Pourrait cueillir la camomille
Sans que personne ne la houspille.
Je rêve d'un monde sans torpilles,
Sans marteau et puis sans faucille,
Pour tuer même sa famille
Comme on tire dans un jeu de quilles.
Ecoute ces voix qui nasillent
Qui disent que tu es gentille
Regarde le mauvais gorille
Dès qu'il te voit, ses yeux scintillent
Il voudrait casser ta coquille
Et faire de toi une chenille
Qui se débat et qui sautille
A l'ombre du soleil qui brille.
RAFA
Comme à l’accoutumée, Rafa est réveillé tôt.
Comme à l’accoutumée, il tourne, se retourne, dernière tentative pour se rendormir, mais rien n’y fait. Alors il se lève, ouvre les volets, voit le gris du ciel, légère brume au-dessus de l’eau. Son cerveau, embrumé par sa cuite de la veille lui laisse néanmoins percevoir le gris de sa vie. Il fait son café, y trempe des biscottes, sans beurre, sans confiture. Il a les yeux dans le vague, dans les vagues aussi… L’appel de la mer. Il baisse les yeux. Il voudrait tant se faire happer par elle, mais il a peur. Instinct de survie. Alors il prend une douche rapide et sort tout aussi rapidement jusqu’au bar-épicerie où il achète son pain et son bifteck. Et pour faire bonne figure, il boit quelques coups de blanc avec le patron, comme à l’accoutumée. Puis il rentre, fait du feu dans la cheminée et se pose dans son fauteuil usé. Usé par la vieillesse, l’humidité et les griffes de son chat qui lui aussi est mort. Et il pense à ceux qui sont morts pour lui, vivant dans un ailleurs qu’il ne veut pas connaitre. A ceux qui font leur vie plus loin, sur le continent et qui ne donnent plus signe de vie, ne serait-ce que pour la nouvelle année qu’ils lui souhaitent bonne et heureuse.
Et son cœur pleure, ses larmes ne coulent jamais mais son cœur est brisé.
Il prend un livre sur la pile, le feuillette, l’ouvre au hasard, page 128. Il se lève pour prendre la bouteille de whisky, comme à l’accoutumée. Et il lit, il lit… Et il boit, il boit… Et lorsque la lumière extérieure s’est éteinte, il réalise qu’il a oublié de manger son bifteck, la bouteille est à moitié vide, il en est à la page 322, mais il ne sait pas de quoi parle son livre.
Alors il va se coucher Rafa, jusqu’à demain matin.
Il était une feuille
Il était une feuille, blanche, immaculée, 21 de tour de taille, 29.7 de hauteur. Elle se sentait si seule, seule avec sa pâleur...
Elle décida un jour de mettre une annonce sur Internet : "Adopte un écrivain.com". Comme elle s'est pris le chou pour l'écrire son annonce ! D'où son pseudo "feuille de chou"...
Elle surveillait, jour après jour, mais après un long temps, elle ne vit rien venir. Alors elle se mit au bord de la fenêtre, un jour de grand vent et se jeta du 4e étage.
A cet instant, une femme qui passait sous la fenêtre de notre petite feuille, fit tomber son sac qui s'ouvrit, perdant son contenu. Pressée, la femme ramassa tout rapidement et partit.
Elle avait oublié de ramasser son stylo, un beau stylo noir, élégant, élancé, ne demandant qu'à s'accoquiner !
Petite feuille est tombée, juste à côté de lui. Elle si blanche, lui si noir... Au premier regard, ils ont compris qu'ils allaient enfin écrire un magnifique roman d'amour.
Jouer avec les peintres
Tourne, tourne
Derviche
Peins,peins
Turner
Derviche Turner
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Quand deux gars dansent
Degas ne peint pas
Degas peint
Lorsque deux jeunes filles dansent
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Dis, mon Poussin, tu as de la monnaie
Que j'achète un Monet !
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Lorsqu'elle se Courbet sur la plage,
Pour apercevoir des Corot,
C'était Bonnard,
Je voyais Vinci chandelles
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Dans ses bottes, il caille
Il caille,
Caillebotte
Mon cher Richard
Vous me l’avez souvent dit, mon cher Richard, il y a des jours qui ressemblent à des nuits. Des jours sombres comme de l’encre, des jours anxiogènes comme des actualités, des jours longs comme une nuit sans rêve.
Lorsqu’au sortir de ma nuit, je me lève avec ce sentiment intime de malaise, comme une chape de plomb sur le plexus, je regarde à l’extérieur et ne voit que du noir, comme une nuit sans lune. Et je me mets à rêver. J’aperçois au loin une forme dans l’air qui tremble, je m’approche et il est là, il se tient debout dans son immense manteau d’hiver. Et ce « il », c’est vous, vous, mon cher Richard. Vous m’attendez. La neige est blanche comme une note de musique. Votre manteau immense est ouvert, comme une invitation à me glisser dedans avec vous.
La vie est blanche comme neige, avec vous. La vie est noire comme la mort, sans vous.
Mon cher Richard, je vous aimais, je vous aime et je vous aimerai toujours.
Je vous embrasse comme on embrasse une ombre ; vous êtes parti, comme partent les anges.
Je retourne dans ma journée nocturne et passerai ensuite une nuit blanche en attendant de vous rejoindre.
Votre bien-aimée
Dimitri
Dimitri qui pleure, Dimitri qui rit.
Dimitri est un drôle de p'tit bonhomme
Qui vit dans un coin d'Sibérie.
Tous les matins, il boit du thé au riz.
Grillé, le riz.
Dimitri dit que le riz dans le thé ça enlève le gris d'une journée sans vie.
Dimitri s'en va chasser l'ours.
Brun, l'ours.
Dimitri dit que l'ours brun c'est bon sur du pain grillé.
Dimitri part, fusil à l'épaule,
Vodka dans la poche.
Bison, la vodka.
Dimitri dit que la vodka Bison, c'est comme le thé au riz grillé,
Ca enlève le gris d'une journée sans vie,
Et bien plus facile à emporter lors d'une chasse à l'ours.
Et il rit, Dimitri.
Dimitri rentre souvent seul de sa chasse à l'ours.
Il a fini la vodka et n'a pas trouvé l'ours.
Dimitri pleure sur son sort.
Alors Dimitri sort des oeufs, du sucre et tout ce dont il a besoin
Pour faire des palvlovas.
Dimitri dit que les pavlovas ça enlève le gris d'une journée sans vie.
Dimitri refait du thé au riz, va chercher la vodka,
Hésite entre les deux...
Et ça le fait rire Dimitri.
Sur le lac
Il y a des moments rares, des moments où l'on sent au plus profond de soi ce que l'on pourrait probalement appeler le Bonheur, avec un grand B. Un moment où plus rien de moche n'existe. Un moment où une grande paix intérieure vous envahie... Juste le bruit des rames qui coupent l'eau, juste les milliers de roseaux derrière lesquels se cache le sourire étonné de ces femmes aux robes multicolores. Juste le rayonnement du soleil à l'oblique. Juste toi, juste moi... Juste un moment très beau, trop court. Juste envie que le temps s'arrête, arrêt sur image, image dans ma tête, tête à tête avec toi, toit du monde, monde d'eau, au-delà de tout.
A la façon d'Eluard
Dans ma tête, il y a une idée
Dans cette idée, il y a une envie
Dans cette envie, il y a l’évasion
Dans cette évasion, il y a de l’oubli
Dans cet oubli, il y a Toi.
Sur toi, il n’y a plus rien,
Sur ce rien, il n’y a plus que Moi
Moi qui ne voulais rien
Rien que Moi, pas sans Toi
Toi que j’ai oublié
J’oublie de m’évader
S’évader sans envie
Envie d’avoir l’idée
De t’avoir dans ma tête.
Gel douche
Coton… Gel de coton… Dans un flacon rouge. Assez contradictoire tout cela. Une douceur nuageuse qui va du cirrus de belle humeur à cumulo- nimbus de colère qui explose sous le jet force 4 de la douche fraiche, tiède, chaude. Chaude comme le rouge du flacon qui fait exploser les gouttes de gel qui, au contact de la peau, devient nuage mousseux, météorologiquement dépendant de l’humeur du moment.
Crotdebic
CROTDEBIC, c’est mon mot !
C’est mon mot, car c’est UN mot. En trois mot, il n’aurait plus le même impact, à l’écrit, s’entend.
Crotdebic, en un mot n’est pas qu’un juron de l’enfance ; ça devient un jeu, et jouer avec les mots, c’est ma gourmandise, mon péché mignon, mon carambar. En un mot, c’est un peu la chrysalide, celle qui va vers un renouveau, une invention.
Inventer des mots, les transformer avec delicatescence, c’est du bonheur pur jus.
Crotdebic a un côté enfantin, qui me convient assez. Refus de vieillir, de devenir trop sérieuse ? Allez savoir ! Mais après tout, on s’en fiche. Il faut surtout essayer de s’ouvrir, se lâcher, oser ce que d’autres ne feraient pas. A l’approche d’une décennie pas si minimaliste que ça, je me fais un plaisir de sortir ma crotdebic. On se moque, on sourit, on envie. Moi, ça me fait sourire, ça me fait plaisir.
Comme le soleil derrière les nuages, je joue à me cacher derrière un sérieux déjanté ou bien comme les nuages devant le soleil, je simule une fantaisie sérieuse. Pour ceux qui n’avaient pas suivi, je vous rappelle que le soleil derrière les nuages ou les nuages devant le soleil, c’est pareil. Seule la façon de dire les choses est différente. Et en ce qui me concerne, ma petite crotdebic, je vous la sers sur un plateau, n’en prenez pas ombrage, prenez la comme elle vient : en trois mots comme en un ! Zut alors, on est en mai, alors je fais ce qu’il me plait !
Ne m'oublie pas !
Il y a encore quelques heures, tout allait bien. Le ciel était rempli de gros nuages noirs gorgés d’eau. Cette eau qui tombait sans discontinuer depuis ce matin. Quelle merveilleuse journée.
Nous sommes sortis, elle et moi, sous ces trombes humides. Elle s’accrochait à moi. Quel étrange sentiment, je me sens si proche d’elle.
Puis nous sommes rentrés dans ce petit café avec ses gros fauteuils rouges, « Chez Florence », qu’il s’appelle ce petit café. J’aime beaucoup le moment où elle me pose près de la cheminée pour me faire sécher… Les gouttes d’eau s’évaporent petit à petit, je me réchauffe en la regardant.
Elle boit son chocolat chaud en feuilletant un magazine jusqu’à ce qu’un rayon de soleil fasse tâche sur la page des mots croisés.
Elle regarde par la fenêtre. Elle sourit. Je regarde par la fenêtre. Je vois un homme. Je ne souris pas.
Elle se lève, prends son manteau, oublie son magazine et sort.
Et moi ? Ne me laisse pas seul ici. Ce n’est pas parce que le soleil est revenu que tu dois m’oublier. Que vais-je devenir ? Je ne veux pas être secoué dans tous les sens pour enlever les dernières gouttes, je ne veux pas finir dans le porte parapluie avec tous les autres, ceux aux baleines cassées, ceux qui coutaient 2€ sur le petit marché.
Je rêve d’une étincelle sur moi, qui me ferait m’enflammer, enflammerait sièges et tables… Et toi, qui affronterais l’incendie pour venir me sauver…
Je rêve de la pluie, cette petite pluie fine et drue. Celle qui fait que tu ne peux pas te passer de moi…
Ohhh, merci mon Dieu ! Il pleut de nouveau…
Mais, nooonnnn…. Pourquoi t’accroches tu au bras de cet homme qui vient d’ouvrir son magnifique parapluie « Love is in the rain » ?
Ecrire..
L’écriture, c’est un drôle de jeu.
On peut partir d’un petit rien, pour en faire un beau Tout.
On peut partir de quelque chose de fort, mais n’arriver à rien.
On peut rester des heures à ronger son stylo, en cherchant des idées, qui finissent par se perdre en pensées furtives et divagantes.
On peut essayer, raturer, noter, rédiger, pondre, composer, écrire et réécrire.
On peut, avec une bonne accroche, noircir, bleuir, rougir brunir, rosir, violetiser (selon l’encre employée) la page blanche.
On peut même quelques fois déposer les larmes et lâcher les stylos. Se déclarer vaincue par cette feuille immaculée.
On peut aussi être déstabilisée par une consigne qui n’en est pas une, ou du moins qui ne fait pas tilt.
Et là rien, rien ne sort, rien de fort, rien du tout.
Que faire ? Ronger son stylo jusqu’à la lie ?
Verser des larmes d’encre sympathique invisibles sur le papier ?
S’énerver ?
Et bien, oui, c’est ça, s’énerver. Ne pas se laisser intimider. Y aller. Je vais leur potrer de rel foy je me tof. Me déronder de versaliser arom ke j’ai ratune inskarition ! Les vohs se traspulent dans ma vète. Les rents qui vont me gire me pérentront-ils ? Seront-ils purilament intellectibles pour dépecter ma tatouille ?
S’énerver… Ca calme !