Faites passer le mot

Faites passer le mot

RAFA

Comme à l’accoutumée, Rafa est réveillé tôt.

Comme à l’accoutumée, il tourne, se retourne, dernière tentative pour se rendormir, mais rien n’y fait. Alors il se lève, ouvre les volets, voit le gris du ciel, légère brume au-dessus de l’eau. Son cerveau, embrumé par sa cuite de la veille lui laisse néanmoins percevoir le gris de sa vie. Il fait son café, y trempe des biscottes, sans beurre, sans confiture. Il a les yeux dans le vague, dans les vagues aussi… L’appel de la mer. Il baisse les yeux. Il voudrait tant se faire happer par elle, mais il a peur. Instinct de survie. Alors il prend une douche rapide et sort tout aussi rapidement jusqu’au bar-épicerie où il achète son pain et son bifteck. Et pour faire bonne figure, il boit quelques coups de blanc avec le patron, comme  à l’accoutumée. Puis il rentre, fait du feu dans la cheminée et se pose dans son fauteuil usé. Usé par la vieillesse, l’humidité et les griffes de son chat qui lui aussi est mort. Et il pense à ceux qui sont morts pour lui, vivant dans un ailleurs qu’il ne veut pas connaitre. A ceux qui font leur vie plus loin, sur le continent et qui ne donnent plus signe de vie, ne serait-ce que pour la nouvelle année qu’ils lui souhaitent bonne et heureuse.

Et son cœur pleure, ses larmes ne coulent jamais mais son cœur est brisé.

Il prend un livre sur la pile, le feuillette, l’ouvre au hasard, page 128. Il se lève pour prendre la bouteille de whisky, comme à l’accoutumée. Et il lit, il lit… Et il boit, il boit… Et lorsque la lumière extérieure s’est éteinte, il réalise qu’il a oublié de manger son bifteck, la bouteille est à moitié vide, il en est à la page 322, mais il ne sait pas de quoi parle son livre.

Alors il va se coucher Rafa, jusqu’à demain matin.

 



17/12/2017
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