NADIA
Avec des si
Si le Rhône,avec la Saône,nous entraînait dans une belle danse
à Confluence,
Si l'on trouvait le trésor du Parc de la Tête d'Or,
Si la ficelle de St Jean à Fourvière
changeait Marie en Bonne Mère...
Si,à la Croix-Rousse les Canuts
revenaient dans les clos
placer leurs boules près du but
grâce au Beaujolais dans les pots...
Si les bateaux-mouches que l'on prend à Paris
revenaient à Gerland d'où ils sont partis.
Si l'on oubliait tout à Monplaisir
avec force quenelles et tabliers de sapeur
à toute heure,
c'est à Lyon qu'il faudrait vivre et mourir.
Avril
Avril,tu n'es pas toujours aimable,tu nous bouscules souvent,tu nous emmènes sur les montagnes russes des journées printanières,voire estivales,pour nous plonger tout à coup dans la froidure,la neige même. Tu es un mois fantasque;d'ailleurs tu commences par un jour fou,un jour de farces. Le ton est donné.
On a beau se consoler avec les chocolats de Pâques,il faut subir tes sautes d'humeur. Il n'est pas encore temps de se lancer dans le grand nettoyage de printemps dont l'envie nous gagne,encore moins de ranger les lourds vêtements d'hiver (pensons au dicton !).
Avril,tu nous déboussoles et nous fait vivre sur le fil !
Carte de France Covid 19 multicolore
Ce Lundi 15 Juin, le gouvernement vient de faire paraître la carte des voyages autorisés sur le territoire pour les vacances d’été.
Chaque département se voit attribuer une couleur et ses habitants ne seront autorisés à aller en villégiature que dans les départements de la même couleur.
Ainsi les Français pourront-ils découvrir des paysages, des cultures et des climats bien différents. Aucun lieu ne sera écarté et l’on évitera de cette manière les grandes transhumances sur les mêmes axes, les concentrations sur les mêmes lieux . Le gouvernement entend lutter contre les discriminations entre régions dites attractives et celles qui le seraient moins, voire pas du tout.
L’union nationale se fera au travers de ces vacances , le Sud rencontrera le Nord, le Nord découvrira le Centre, et il est fortement encouragé de s’amuser à une sorte de jeu de l’oie en visitant pendant l’été tous les départements de sa couleur.
Vive la France !
Cette nuit j'ai fait un rêve étrrange
J’étais en vacances avec une amie et nous buvions un cappuccino à la terrasse d’un café à Rome, près du forum.
Nous discutions avec enthousiasme de tout ce que nous avions vu et découvert dans cette ville qui nous apparaissait vraiment comme la plus belle du monde .
La colonne Trajan se dressait non loin. Tout à coup, le visage de mon amie se figea, blêmit et je la vis tendre la main sans qu’elle pût parler. Je me retournai et vis , à la place de la colonne, d’immenses fleurs dont les pétales roses formaient des balcons superposés. Il s’en exhalait un parfum et une vapeur légère qui, se posant sur toutes les personnes aux alentours, les saisissait et les transportait jusqu’aux alvéoles des fleurs dans lesquelles elles se trouvaient prisonnières avant de disparaître, avalées par la fleur. Et tout cela d’une façon si rapide que l’on avait peine à en croire ses yeux.
Je fis signe à mon amie de nous cacher sous la table, puis nous rampâmes jusqu’à l’intérieur du café . Là, nous essayâmes de dire, entre larmes et tremblements, l’horrible chose qui se passait au dehors mais tout le monde riait et l’homme au bar s’écria: “ allez , les folles, ça suffit. Dégagez!”
Une femme renchérit: “ Appelez la police, qu’on les ramène à l’asile!”
Et deux ou trois hommes commencèrent à nous saisir par le bras quand, d’une seule poussée, les portes s’ouvrirent et....je me réveillai, ne sachant pas si j’avais été capturée par la fleur maléfique, encore mal à l’aise mais vite soulagée en sentant le poids de la couette sur mon corps.
Dis-moi dix mots 2018-2019
Je suis venue au monde comme une jolie page blanche ornée d'arabesques. Rien n'était encore écrit. Certes mes parents avaient composé un texte porteur de leurs plus beaux rêves (texte confié à un phylactère, tel les 10 commandements.). Mais, tandis que je grandissais, ils durent se rendre à l'évidence : la page blanche se faisait rébus souvent indéchiffrable, ou bien gribouillis.
Pour mon père, ce n'étaient là que quelques coquilles dans le texte. J'écrivais ma vie, cela ne pouvait pas aller sans quelques maladresses. Le tracé un peu tremblotant de mes lettres s'affermirait. Il y avait de l'idée, de l'imagination, de la vie.
Mais pour ma mère, il s'avérait dangereux de laisser aller ainsi la plume. Elle s'acharna donc à me contenir dans le texte originel à coups d'instructions cursives et de logogrammes parfaitement accessibles à un enfant.
Mais comment enfermer la vie dans des signes ?
Ecrire
Ecrire, pour moi, c'est arracher à l'oubli, à la mort, ce monde de sensations, de forte vie quand un soir d'hiver ,à la campagne, je me sens accordée, liée à la brume qui noie la colline.
Ecrire, c'est essayer, comme celui qui épingle un papillon rare, de déposer dans le coffre à bijoux des souvenirs la plénitude de l'heure bleue, la joie des fêtes. C'est tenter de recréer la grâce des instants fragiles, les émotions du voyage au dedans comme au-dehors de soi.
Ecrire, c'est déposer les galets, morceaux de bois, coquillages que l'océan de la vie a roulés et roulés sans fin pour atteindre à la sérénité.
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Figures de style dans le thème de la lecture et de l'écriture
Je joue avec les mots comme je jouerais avec les balles d'un jongleur. Ainsi j'emmène partout mon lettricule, ce petit réticule plein de lettres pour des scrabbles improvisés sur le banc d'un parc, à la terrasse d'un café; à la plage ou à la montagne, j'invite des amateurs aux joies de l'écriture ou de la lecture. C'est que je viens d'une famille atteinte de mots-nomanie. Car il faut aimer à la folie les mots, mots d'auteur et mots à soi. Mon oncle illettré érudit, grâce à ses nombreux voyages, enchantait mes dimanches de ses récits.Ma grand-mère adorait tricoter des mitaines et des phrases à dormir debout. Et que dire de ma mère ? Elle lit, que dis-je, elle dévore, elle déguste, elle vomit, elle mastique, elle digère, elle mâche et remâche, elle engloutit, elle en mourra d'indigestion. C'est bien elle qui a fait de moi un être lisant, envers et contre tout.
Je suis la petite fève de la galette
Un destin cruel souvent : j’ai tellement peur d'être cassée par un dentier trop goulu ou pire encore, d’être avalée pour traverser d'interminables tunnels avant de me noyer dans une mare nauséabonde! Je sais tout cela car bien des petites reines blanches me l'ont raconté. Non, je suis faite pour être déposée dans un écrin de velours, délicate et précieuse offrande de la chance. Ma tête fine s'orne d'une couronne, je porte un tutu et, si l'on me regarde bien, on peut voir un doux sourire se dessiner sur mon visage de porcelaine. Rose et or, tel est mon blason. Petite fève de la galette, créée pour donner de la joie, et consacrer un enfant, une femme et même un homme qui se croirait bien loin de ces jeux puérils, roi ou reine d'un jour."
La porte du frigo était ouverte, je suis entrée
Quelle merveille ! Je ne savais plus où donner de la tête et j'en oubliais le froid qui me saisissait comme une lourde chape. Vite, avant d'être trop engourdie : d'abord, l’étage des fromages! Croquer un petit bout de Reblochon, le laisser fondre dans ma bouche comme un bonbon au goût de prairie, redescendre un peu et plonger dans un bol de compote. C'est très sucré et me donne envie de recommencer. Mais, que vois-je là, tout en bas ? Un gâteau au chocolat. Mes moustaches frémissent, mes petites babines se retroussent, tout mon petit corps se tend vers la gourmandise suprême mais, mais quoi? Mes pattes restent collées à la paroi de verre, je ne ressens tout à coup plus rien que l'envie de me coucher là...il fait si froid...ma vie s'en va..."
Le remetteur de pendules à l'heure
D'abord, une petite concession à la modernité: le métier de remetteur de pendules à l'heure s'étant considérablement féminisé, je parlerai de remetteuse de pendules à l'heure. C'est une femme qui voyage énormément, qui court tout le temps. A peine s'est-elle levée qu'il lui faut connaître l'heure exacte; sinon, comment les enfants arriveraient-ils à l'heure à l'école, comment saurait-on quand rompre le jeûne en période de Ramadan, quand pourrait-on hurler tous ensemble au passage de la nouvelle année?
Ce sont des questions qui ont taraudé davantage les femmes ces dernières années. Le monde ne tournant plus rond, les algorithmes devenant les indicateurs suprêmes, les femmes se sont mises à traquer les pendules, les bonnes vieilles pendules dont le tic-tac apaisant faisait entendre la voix du bon sens, à la bonne heure. Aussi une remetteuse de pendules à l'heure compétente et efficace se doit-elle de rechercher sans cesse comtoises, coucous suisses et autre Westminster pour les régler selon la marche du soleil et les remettre en marche afin que personne ne soit privé de son temps. Cette femme-là ne s'en laisse pas compter!"
Logo rallye : échange/ douceur/ fusion/ Chaleur/ pulpeuse/ passion/ sincérité/ risque/ abandon/ lèvres
Il n'embrassait pas facilement. Ce rite social de l'échange de bises incessant l'irritait. C'était même une agression pour lui, si timide, si secret, rêvant de la douceur d'un cocon protecteur. Pourquoi cette hypocrite fusion, cette fausse chaleur amicale ?
Certes, dans ses fantasmes, il pouvait recevoir le baiser d'une créature pulpeuse, donné avec passion. Mais, en toute sincérité, s'il devait avouer sa peur, le baiser, c'était le risque des microbes, du dégoût, du rejet. Consentir à cet abandon était au-dessus de ses forces. Il gardait ses lèvres pincées.
Lulu
Lulu,un bel anar à la banane luisante de gel en eut vraiment assez du ramdam que faisait tous les soirs sa marâtre. Elle le dépannait depuis quelques temps en lui déroulant une rabanne en guise de lit dans son salon. mais c'était cher payer ce précaire asile. Un vrai délire,façon
andante!
Mariée de force dans un lointain émirat,la pauvre femme avait réussi à s'échapper en emportant quelques bijoux,mais craignant de ne pouvoir vivre longtemps de cet argent,elle était devenue des plus radines. Lulu avait beau lui préparer des tisanes à la badiane pour la calmer le soir venu,elle persistait à hurler d'angoisse,évoquant Shitan ( Satan), porteur d'un trident avec lequel il piquait les esclaves trop lents, suant dans un enfer fumant, tel une immense tannerie.
Mais quelle ânerie !
Lucien décida finalement de se montrer ingrat et il s'enfuit avec le diamant qui restait encore dans la boîte à bijoux de la vieille.
Marabout
Y en a marre
marabout
bout de pain
pin des landes
Landerneau
naufragé
j'ai largué les amarres
y en a marre
marabout
bout de pain
peinture à l'eau
eau de Cologne
et ça cogne
y en a marre
marabout
bout de pain
pim pom pim pom
pont sur l'abîme
i'm manque une rime
vite que j'trouve un bar
y en a marre
marabout
bout de pain.
Ode à la lettre L
Merveilleuse lettre L : petit palindrome tout en légèreté. La langue s'envole un peu, vient caresser le lit du palais avec volupté. Si je dois la calligraphier, je bannirai les angles droits des sévères majuscules. Elle est faite pour les boucles, les rondeurs. Mon regard ne pourra pas courir au ras des caractères, car le -l- silhouette toute en élégance, se dressera tel un phare éclairant la lecture de sa douce lumière.
Portrait chinois du Covid 19
Un roman : “ Une idée de l’enfer.”
Une couleur: aubergine
Un pays : la Corée du Nord
Un plat : des tripes.
Une odeur: le soufre
Un bruit : un coup de feu
Un animal: un serpent
Une fleur: une orchidée
Une chanson : “ Ah, tu verras, tu verras...”