Faites passer le mot

Faites passer le mot

DOMINIQUE


La bague

Je suis celle qui embellit les mains.

Je suis élégante, j’aime qu’on me regarde, remarque ma forme, admire mes couleurs.

J’apparais et disparais au gré de ma propriétaire selon que je lie, relie ou délie le lien.

Séduisante et fragile, j’aime être désirée.

Je ne suis pas faite pour être cachée mais pour attirer le regard.

Je n’aime pas être oubliée ni rester dans un coffret quoiqu’il m’arrive parfois d’être absente.

Signe d’amour, je suis dans la transparence du désir et ma pierre reflète un éclat qui ne s’éteint jamais : saphir, émeraude, lapis-lazuli, rubis, diamant, précieuses vous êtes.

Indice d’un lien à l’autre, j’intrigue par mon mystère et ma beauté.

Je n’ai pas toujours une place stable.

Vais-je rester à ce doigt-là ? Va-t-on m’installer à l’autre main pour fausser les pistes comme une intrigue policière ? C’est plus confortable pour moi d’être à la même place quoique le statut d’intrigante me plaise.

Fiançailles ? Héritage ? ou Cadeau d’un amant ?

Celle qui me porte est-elle d’humeur changeante ou me gardera-t-elle ?

Restera-t’-elle attachée à la promesse avouée ?

 

N’est-elle attirée seulement que par les éclats de mes pierres ?

Présentant plusieurs facettes, j’ai le pouvoir d’envoyer différents messages selon l’envie de celle qui me possède :

 Mystère d’un lien affectif durable,  fantaisie d’un instant joyeux, voyage inédit, de toute façon un moment inoubliable.

Comme un medium, j’arrive à lire dans les cœurs.

 

Bagues, vous m’ensorcelez.

 

 


24/05/2019
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Meurtre au village

Dans le café du village, les conversations vont bon train.

La gazette du jour en première page.  Une femme,  Mathilde  Cassebonbon, 72 ans, a été assassinée cette nuit dans son lit.  Retrouvé le cadavre dans son jardin.  Mais alors,  comment sait-on qu’elle a été tuée dans son lit si on l’a retrouvée dans son jardin ?

Sa chemise de nuit déchirée, était maculée de sang. Néanmoins, elle avait un visage paisible.  Ressemblait à une sorte d’ange.  Comme si elle dormait.  Peut-être ne s’est-elle pas rendu compte qu’on l’avait tuée.

 

Fernand,  un homme à la grosse voix rude,  un habitué des mauvaises nouvelles dit : «  Mais si, elle avait un gros couteau de boucher planté en pleine poitrine.  L’assassin n’y est pas allé de main morte… »

Personne n’a rien entendu ?  Si,  moi,  il était 2h30 ce matin,  j’ai entendu un cri inhabituel comme un cri qui sonne le glas,  un cri rauque comme le cri d’une mouette déchirée.

 

Autour de la table, un autre homme plus jeune, Gaspard, au regard plutôt innocent en train de siroter son petit blanc, a l’air déjà bien au courant. Comme voisin dit-il,  j’ai entendu la femme crier en pleine nuit alors qu’elle vivait seule dans sa maison.  J’ai ouvert la fenêtre.  C’était la pleine lune.  Elle hurlait comme une mouette à l’agonie.

Quand il parle ainsi,  Gaspard ressemble plus à un ange noir.

Tout le monde sait dans le village qu’il ne supportait pas sa voisine avec laquelle il a un jardin mitoyen.  La nuit,  des sangliers descendent de la montagne et vont dans son jardin.  Mathilde faisait tout pour les attirer.

Gaston reprend : « Ils viennent piétiner mon jardin potager parce qu’elle a refusé de mettre une barrière ».

Oui et ce Gaspard est réputé pour avoir la gâchette facile.  C’est un chasseur et le fusil, il connait.

 

Mais cette pauvre Mathilde à la retraite, veuve, avec ce couteau en pleine poitrine,  toute ensanglantée,  quand même,  elle ne méritait pas ça.

Qui a bien pu lui en vouloir à ce point pour aller jusqu’à cette torture mortelle ?  Et puis,  c’est trop facile de mettre des soupçons si rapidement sur Gaston, son voisin.

 

Un autre  compère qui était en train de terminer son quart de rouge,  rajoute : « Elle n’avait pas un amant,  Mathilde,  un homme marié qui se cachait la nuit pour aller la voir ? »

 

 Ah, les  doubles  vies,  ça  amène  toujours  des  ennuis !

 

 


24/05/2019
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