Faites passer le mot

Faites passer le mot

PHILIPPE


A la poursuite de l'inconnue

Le serveur apportant mon café se baisse subitement, ramasse un étui de cuir sombre et me le tend en disant: «vous avez perdu ça»  puis sans attendre disparaît vers d'autres clients. Surpris et curieux j'ouvre l'étui et reconnaît aussitôt sur la photo de ce passeport islandais, la jeune femme qui vient de quitter la terrasse. Je jette quelques pièces sur la table, me lève et part à la poursuite de l'inconnue. Je l'aperçois de l'autre côté du boulevard, en discussion avec deux hommes en gabardine mastic qui l'entourent. L'un deux la tient par le bras et la force à les accompagner. Encadrée par ces deux armoires à glace, elle les suit docilement. Le temps que le feu passe au vert pour permettre aux piétons de traverser l'artère très fréquentée, le trio disparaît au coin de l'avenue.  Je cours pour les rattraper et les aperçois à nouveau à un arrêt de bus, prêts à monter dans le véhicule. Je monte à la suite et m'approche discrètement. Leur conversation dans une langue parfaitement hermétique à mes oreilles est animée. Les questions que pose avec insistance le plus âgé des deux comparses ne reçoivent aucune réponse de la part de l'islandaise qui baisse les yeux et fixe le plancher. Lorsque le bus s'arrête,la jeune femme, fermement tenue par le bras doit descendre.

Le quartier des ambassades est quasiment désert. De grosses berlines noires alignées devant de belles demeures austères arborent les plaques vertes aux chiffres orangés réservées aux corps diplomatiques. Je profite de l'écran que constituent ces énormes voitures aux vitres teintées pour m'approcher et me glisser entre deux d'entre elles. Soudain l'inconnue bondit sur l'avenue, cours à toutes jambes vers le bus, se jette à l'intérieur et disparaît sous les yeux des deux individus médusés.

 


14/03/2021
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A la terrasse d'un café

 

C'était inespéré de trouver une table libre et pourtant  il se trouvait assis dans l'angle de la terrasse  contre la vitre de la devanture. En retrait, la minuscule table en marbre au pied de fonte que l'on ne peut bouger qu'à grand-peine tant elle est lourde n'a pas été débarrassée. Une tasse de café vide au fond de laquelle le sucre fait comme un îlot dans une mer noirâtre. Le papier d'emballage déchiré laisse deviner un dé blanc qui sera jeté avant d'avoir accompli son destin de morceau de sucre. De la monnaie dans une soucoupe en bakélite grenat attend d'être ramassée. Les clients attablés autour de ces minuscules disques de marbre parlent fort, rient et interpellent les serveurs qui semblent très mal organisés. Des mains de lèvent, agitent des billets, des têtes se tournent, les cous s'étirent pour attirer à eux les plateaux chargés de verres remplis à raz bord. Comme une soucoupe volante qui hésite,  le plateau porté par une main levée très haut ondule, tangue, zigzague entre les tables, s'arrête puis repart poursuivi par le serveur impassible dont seule la tête qui scrute la terrasse  bondée pour retrouver le client à servir. A l'opposé, dans un recoin, une silhouette tend timidement la main que personne ne remarque. La jeune fille, coiffée d'un béret grège légèrement incliné sur son front, plisse les yeux et sourit à peine, on le devine gênée. Elle se lève et se glisse entre les chaises en rotin clair. Elle s’excuse auprès de ceux qu'elle dérange qui la regarde à peine. Arrivée au bord du trottoir, elle baisse la tête et disparaît d'un pas rapide.

 

 

 


14/03/2021
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Acrostiche de mon état d'âme du jour

 

Envie d’écrire

Ne pas se retenir

Tout dire

Hâter le désir

Oser mentir

Utiliser un sabir

Susciter des soupirs

Inventer des avenirs

Appeler ses souvenirs

Stimuler des sourires

Taquiner la satyre

Et toujours partager des rires

 

 


07/10/2020
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D'après la photo "Charpy in a cafeteria"

 

«Tiens, Jenny qui entre là ! Elle ne m'a pas vu. Elle est belle avec cette robe. Elle a l'air heureuse. Pourquoi sourit-elle? C'est qui ce mec, c'est Peter, son boss! Plutôt beau gosse, un peu figure de mode quand même. La dégaine de fils à papa! Je n'y crois pas un fume-cigarette, la classe à deux sous! Le baise-main!....et Jenny qui rougit. Elle ne va pas me faire ça? Elle ne se rend pas compte, ce bellâtre qui va la jeter aussitôt qu'elle lui aura cédé ! Elle est si douce, si gentille, si naïve. Moi qui ne voulais pas brusquer les choses , le voilà qui déboule avec son fric, son emprise. je ne vais pas le laisser faire. Il va la détruire, l'anéantir. Elle est si fragile. Je vais tenter le tout pour le tout.Je ne lui parle même pas. Mon poing dans la gueule de ce Don Juan  de m....

 

 


14/03/2021
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Horoscope

Santé – Vous devrez maîtriser votre fougue car à trop vouloir foncer vous risquerez de provoquer des dégâts. Il faudra en assumer les conséquences qui risquent d’êtres douloureuses et vos excès contrarieront votre entourage qui vous le fera savoir. Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se brise. Méditez cette fable pour ne pas devoir  payer les pots cassés.

Amour – Si vous pensez avoir trouvé le grand amour, faites une pause et regardez ce qui se cache derrière. Des surprises vous attendent. Trouver chaussure à son pied oblige parfois à scier la branche sur laquelle on est assis.

Travail – Méfiez vous des parasites qui profitent de vous. Sachez reconnaître ceux qui ont besoin de votre aide mais ne faites pas le boulot à leur place.

 


07/10/2020
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L'empoisonneuse et Sainte-Rita

 

« Attention voici l’empoisonneuse ! » s’écria Gaston quand la vieille femme apparu au bout de la place. Elle portait un seau qu’elle posa sur la margelle du puits, le suspendit à la chaine et le fit descendre lentement.

Tous les enfants l’observaient en silence, scrutant le moindre de ses gestes. Lorsqu’elle ressortit le seau éclaboussant son tablier ils se regardèrent en pouffant mais restèrent silencieux. La vieille repartit sans un mot, le dos courbé par le poids du seau plein qui débordait à chaque pas et laissait une trace dans la poussière de la place.

« Vous voyez, la vieille folle, elle continue de boire l’eau du puis, même après ce qu’il s’est passé » dit Gaston.

«  Et qu’est-ce qui s’est passé ? » lui demanda Pierrot ?

«  Mais tu sais bien, son mari, le Jules est mort d’un coup et le médecin a dit que c’était suite à un  empoisonnement. »

C’est pour ça que plus personne ne boit plus l’eau du puis  ajouta Marcel et la folle elle a la dit que Saint Rita la protège et qu’elle boira au puit jusqu’à qu’elle retrouve le Jules au ciel.

 

 


07/10/2020
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Le passeur de savon

Contrairement à ce que son titre peut laisser supposer un passeur de savon est un sale type, à croire que ceux qui font profession dans la matière grasse sont plutôt antipathique, tel le metteur d’huile sur le feu ou le savonneur de planche.

Le passeur de savon est souvent aigri de n’avoir pu embrasser la profession de palefrenier dont la fonction est d’étriller les destriers.

Il se console donc, le passeur, en se faisant mousser après avoir, par exemple, empêché un collègue de buller. Certains de ces passeurs sont plus économiques notamment les azuréens les fameux passeurs de savon de Marseille, peu chers.

 


18/05/2019
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Letrre d'Edouard Manet à Emile Zola

Mon cher Victor

 

Me voilà bien surpris d’avoir de vos nouvelles après vos longs mois de silence. Sans doute trop occupé aux mondanités de Paris où l’on vous voit courir de restaurants  en spectacles aux bras de frivoles courtisanes. Ce Paris que vous dépeignez avec tant de réalisme, n’est-il peuplé que de pingres, que d’avares que vous n’ayez qu’un peintre pour vous sauver ? Il m’est désagréable de vous répondre que je vous aiderai mais de grâce ne jouez pas les misérables, écrivez-les.

 


23/11/2020
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Lettre de Geneviève à Jean-Pierre

Mon cher Jean-Pierre,

Mon amour,

Seize ans déjà, seize ans seulement que tu ouvrais ton cœur, que tu ouvrais ta porte pour m’accueillir, pour m’inviter à te donner ma vie. Sans calcul, sans peur, avec confiance et bonheur je t’ai dit oui, je t’ai offert ma vie et sur ce chemin nous avons cueilli tant de joie, tant de tendresse, surmonté tant d’épreuves et tant d’écueils. Je relis ta lettre aujourd’hui et j’y réponds pour renouveler ma promesse et te dire simplement, je t’aime.

 


23/11/2020
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Logorallye autour d'un inconnu : nouveauté, découverte, rencontre, fleurI, étranger, lac, bataillon

LE PROGRES-SORTIR – LE PARC DE LA TETE D'OR

 

Dans cet immense jardin qui s'éveille au printemps naissant , curieux de découvrir les nouveautés que les jardiniers ont préparé pendant l'hiver le public déambule parmi les fleurs. Au bord du lac sont organisés des rencontres avec les artisans de ce décor qui font vous sentir comme un étranger dans un lointain pays. Les explications techniques, les conseils, les secrets comme par exemple : »

« au bas taillons les branches chétives » vous laissent entrevoir tout le professionnalisme de ces magiciens du sécateur. Une visite à ne manquer sous aucun prétexte.

 


14/03/2021
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Logorallye autour des lettres

 

Le groupe avait décidé de se réunir le sept novembre à neuf heures et demie pour le traditionnel atelier de mathématique. Bernard proposa d’accueillir chez lui les participants pour qu’ils puissent à cette occasion tester sa nouvelle calculette. Tous curieux de découvrir cette nouveauté arrivèrent en avance sauf Carole qui avait raté sa correspondance en se trompant de quai à Bellecour. Quand Anna, qui a un sens de l’observation hors du commun, découvrit que la nouvelle machine de Bernard pouvait afficher aussi bien des chiffres que toutes les lettres de lalphabet elle  proposa de composer des phrases entières. Sandrine lui fit  judicieusement remarquer que pour ce genre d’exercice elle pouvait utiliser un ordinateur. François, quant à lui, s’inquiéta de savoir si en appliquant un facteur 10 au mot ZÉRO en toutes lettres on obtiendrait un chiffre ou un mot. Claire qui ne pipait mot croyait avoir atteint un  néant intersidéral devant tant d’inepties. Néanmoins très « corporate » elle proposa à Christelle d’entrer la requête de François dans la calculette. L’atelier n’a à ce jour pas de réponse à la question de François car la calculette rendit l’âme  aussitôt que Christelle eut pressé la touche ENTER . 

Et c’est ainsi que fut créé un atelier d’écriture. 

 

 


03/02/2021
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Lyon, avec des si...

Si la Croix-Rousse se mettait à genou

Et poussait dans les pentes le gros caillou

Si Fourvière se mettait au boulot

Et renvoyait sa tour là-haut chez les poulbots

SI les Etats-Unis tombaient dans le Grand Trou

Si la Saône se jetait dans le Doubs

Si le Rhône se buvait au goulot

Si le Beaujolais séduisait à nouveau

Si Guignol épousait Gnafron

Si le Gendarme engrossait Madelon

Si Auguste, si Louis éteignaient la lumière

Si Bocuse remettait le couvert

Si l’8 décembre tombait vendredi 13

Si le crayon était planté à Vaise

Si l’andouillette était privée de fraise

Si le sapeur rendait son tablier

Si la quenelle était montrée du doigt

Si le museau s’mangeait en fricassée

Si tous les gones avaient filés à l’anglaise

Avec des si on mettrait Lyon dans un pot

 

 


18/05/2019
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Mon Lou adoré

Mon Lou adoré

 

Je t’écris sous le coup de la colère. Il est arrivé aujourd’hui une chose qui aurait dû être banale et sans intérêt et qui en même temps devait bien finir par arriver.

La petite voisine est venue me trouver pour me demander si nous étions toujours en couple et je lui ai répondu que non. Ne me demande pas pourquoi, j’ l’ignore moi-même. Inconsciemment devais-je me douter de quelque chose ? Je ne te dis pas ma stupeur quand la petite peste m’a répondu :

« Tant mieux, ça m’aurait fait chier de vous piquer votre mec »

 


23/11/2020
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