Faites passer le mot

Faites passer le mot

Moi le stéphanois

Moi le stéphanois, débarquant de ma province, et montant à Paris pour la première fois, j’ai le souvenir de mes premiers émois. Comme le jour où j‘ai croisé une femme pressée au coin de ma rue, elle m’interpela : « Connaissez-vous la prison de la santé, ma sœur y est incarcérée ? ». Habitant à proximité, boulevard Arago, je lui propose de l’accompagner, elle accepte gentiment.

Arrivée au parloir, elle me présente sa sœur Carole, une fille assez jolie et qui paraissait assez craintive. Ses yeux couleur noisette me rappellent le Nutella de mon enfance. Nous continuâmes à converser de longs mois. A sa sortie nous nous sommes séparés et je ne l’ai plus jamais revue.

Comme cet autre jour, sur le quai du métro, station Denfert Rochereau, où je vis cette mère de famille SDF avec ses trois enfants. Elle faisait la manche et n’osait pas montrer son visage, comme pour se cacher. Ses enfants me sourirent, c’est un signe d’amour qui m’était destiné, et qui m’a profondément touché. Je leur ai donné le peu qu’il me restait et je suis reparti un peu groggy.

Ce fut par la suite une longue période de déprime. Les jours devenant de plus en plus lassants et les nuits de plus en plus angoissantes.

La résilience se produisit lorsqu’un ami me dit de voir un thérapeute.

C’était un grand barbu, un Landru très chaleureux et nettement moins dangereux.

La thérapie a porté ses fruits, j’ai retrouvé le sourire, même si la mélancolie et la nostalgie restent dans mon esprit.

Quand le ciel est ombrageux, j’ai le blues. Le blues de ces rencontres ravissantes, qui m’ont rempli de joie. Elles sont dans mon cœur à jamais.

 



16/10/2018
0 Poster un commentaire
Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 39 autres membres