Faites passer le mot

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Dans le métro

MAMIES

Métro A, arrêt Bellecour, les portes glissent et déjà un brouhaha verbal se fait entendre puis pénètre dans le métro, exceptionnellement vide.

Elles sont trois, bien pomponnettes qui se ressemblent étrangement : les cheveux courts aux reflets gris-bleus, les colliers de perles sortis et accrochés au cou pour les grandes occasions, les sacs assortis aux chaussures à talons plats en harmonie avec leur tailleur impeccables.

De leurs yeux vifs, elles scrutent les espaces libres pour être ensemble et poursuivre leur conversation.

« Tu vois, Gisèle, on l’a bien eu, c’était vraiment facile, il suffit de profiter d’un moment d’inattention du serveur et vite se sauver en ayant l’air d’avoir une urgence »

 

DRAGUEUR

Ces moustaches, ces moustaches en point d’interrogation, j’aurais dû m’en douter.

Il est entré nonchalamment dans le métro, sa casquette négligemment posée à l’arrière de la tête.

Et ces yeux, ces yeux d’un bleu transparent, cherchaient un espace ou plutôt un contact.

Ce fut près de moi qu’il s’installa.

Mon trouble aussi s’installa car malgré le nombre de places libres, ses cuisses se collèrent contre les miennes.

Ben mince, il s’est même assis sur ma robe.

Je repris tout de même ma lecture car il faut dire que je lis dans le métro, ça aide !

Ça l’a aidé aussi, il a progressivement penché sa tête au-dessus du livre ouvert…Je me souviens, c’était REVER de Franck THILLIEZ.

Ses cheveux frôlaient les miens.

«  Vous aimez, me demanda t-il ?

- Quoi !… le livre ou la situation que vous me faites vivre ? Le livre, j’adore, mais notre proximité va s’achever là car je descends au prochain arrêt… »

Je me libère en tirant sur le bas de ma robe et quitte un peu troublée cette rencontre inattendue.

 

LES GRANDS ADOS

Il y a la grande perche, écouteurs sur les oreilles, le petit qui suit tous les autres et qui pianote sur son téléphone portable et… l’adolescent de taille moyenne de type méditerranéen à la chevelure brune et bouclée et au sourire imprimé sur sa face qui parle, qui parle encore et déclenche des rires au sein du groupe.

Au départ ils ont cherché un espace pour s’assoir mais se sont résignés à rester ensemble debout pour pouvoir parler et surtout rire ensemble.

Ils n’essaient même pas d’imaginer, de sentir les présences étrangères qui les entourent et cultivent dans ce cocon de bonne humeur une amitié scolaire.

 



01/10/2018
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